Said Boumediene né en 1944 est décédé ce matin sans trop souffrir. Chaque jour on enregistre la disparition d’êtres chers qui nous quittent dans l’anonymat.
Mais la mort de Said Boumediene dit Said Moh U Said est une nouvelle qui avait fait vite le tour de la région.

Il est un personnage atypique et très connu de tous. Il est du village Ait Said ou Mayache, de la commune de Mizrana, situé à 5 km de la ville de Tigzirt
Les villages de Kabylie regorgent en elles  des trésors de traditions de coutumes des secrets d’une population qui a traversé des siècles et des siècles sans perdre son identité.
Parmi ces valeurs l’on cite la place de chaque individu dans le village. Pauvre et riche, fort et faible, chaque individu a sa place parmi les siens.
Rare de trouver un village où l’on ne trouve pas une personne dite particulière. Généralement ce sont des handicapés physiques ou mentaux. Ces gens sont tout au fond supportés et aimés  par tous. Ils font partie de l’identité, de la description de l’ambiance et de la particularité du village et de la vie dans la cité.
Said Moh U Said a vécu 70 ans sans quitter le village. Depuis son enfance il était victime d’une attaque cérébrale qui avait touché une partie de son cerveau et une autre paralysie dans la partie droite de son corps.
Il avait été ainsi contraint de vivre handicapé à vie.  Au village on l’appelle Said Agoun , qui veut dire le muet. A vrai dire il parle, il hurle, il communique avec un langage difficile à comprendre pour un étranger au village.
Pendant ses 70 ans de vie il portait en lui l’innocence d’un enfant.
En dépit de l’avance dans l’âge, Said avait un cerveau et une capacité mental qui n'a jamais dépassé celle d’un enfant de 6 ou 7 ans.
Il n’était pas agressif, il n’était  pas vulgaire. Sa mère est morte depuis son jeune âge. Il a été prit en charge par la femme à son père jusqu’au derniers souffle de sa vie.

Il inspire confiance et innocence pour tout le monde. Toute sa vie, il ère d’une maison à une autre. On l’accueil, on lui sert à manger et il reste autant qu’il veut sans se lasser de lui ou chercher à le refouler.
Il avait une habitude de demander de l’argent aux gens. Mais il en demande que des pièces. Ils refusent de prendre des billets. Lorsqu’il rencontre une personne qui lui inspire beaucoup de confiance, il lui demande de l’aider à bien fermer son bout de mouchoir où il range sa caisse de la journée, où qu’il lui demande de lui fermer ses lacets, lui qui était handicapée et avait souvent besoin d’assistance.
Il était resté fidèle à ses coutumes et ses traditions. Pendant toute sa vie il portait une gandoura, même s’il met un pantalon à l’intérieur.
Il était un homme atypique, une mascotte aimée et respectée par tous. Lorsqu’il rencontre des gens, ils leur disent toujours « Bonjour! » « je te souhaite la réussite et le bonheur !». Des mots qui réchauffent le cœur sur fond d’innocence.
Oui des mots, une silhouette, des phrases, un langage, une tradition, un repère, un homme qui va manquer aux habitants de ce village et de tous les gens qui l’ont connu.
Allah Yarham
Mourad Hammami



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