Il avait bien raison le sociologue, historien et non moins diplomate et
politicien nord-africain à propos de l’analyse qu’il a fait des sociétés
arabes et du pouvoir chez les les Arabes.
En fait depuis son époque (1332-1406) pas grand-chose n’a changé, ses
écrits qui datent pourtant de six siècles, restent étonnamment
d’actualité. Ibn Khaldoun est donc par cet aspect un penseur
contemporain. Plus que cela, par sa manière de traiter les changements
sociaux qui se sont opérés au Moyen orient, en Afrique du Nord et en
Espagne il est considéré comme un précurseur de la sociologie moderne
par les Sociologue contemporains cinq siècles, avant les sociologue
Auguste Comte, Jules Michelet. En effet il aurait pu être le fondateur
de cette nouvelle science (la sociologie), si seulement ses écrits
n’avaient pas été longtemps ignorés.
Son analyse donc des sociétés arabes ou arabo-musulmanes et la
sévérité avec laquelle il a traité les Arabes restent donc très crédible
? Pour le penseur, une fois au pouvoir qu’ils ont généralement pris par
la force, les Arabes le légitiment par le sacré. Ils manipulent, tout
comme encore de nos jours d’ailleurs, la religion et la mentalité
tribale pour le pérenniser. Une fois le pouvoir acquis ils ne sont plus
enclin à le lâcher de leur propre gré. Dans son introduction à
l’histoire universelle, il écrivait « Les intrigues qui se cachent
derrière un masque de la religion deviennent un commerce lucratif en
temps de décadences intellectuelles et sociales » ou encore « En outre,
tous parmi eux aspirent à commander : il est extrêmement rare que l'un
d'eux consente à abandonner l'autorité à un autre, fût-il son père, son
frère, ou le principal de sa famille… Tout Arabe veut être le chef».
L’œuvre d’Ibn Khaldoun reste donc extraordinairement d’actualité, et
ce ne sont pas les exemples qui manquent. Combien de chefs d’Etats
arabes ont été ou sont légitimes quand ils n’ont pas pris le pouvoir par
la force comme Nasser (Egypte), Boumediène (Algérie), Sadam Hussein
(Irak) en passant par Kaddafi (Libye) ou encore Hafez El Assad (Syrie) ?
Combien ensuite une fois au pouvoir l’ont quitté par les urnes, ou de
plein gré ? Une fois sur le trône ils ne le quittent qu’à la mort ou par
la force. Plus près de nous un président qui, bien que dans un état tel
qu’il ne peut même plus s’adresser au peuple qui l’a « élu », voudrait
garder le trône à vie. Bouteflika est l’illustration parfaite de ce
qu’est le pouvoir chez les Arabes tel que décrit par le sociologue.
Après avoir violé la constitution pour prolonger son règne, il
s’apprêterait à y rester pour un quatrième mandat. Et tous les
courtisans de la cour bouteflikienne d’El mouradia qui s’agitent et
appellent à un quatrième mandat pour « achever sa mission », comme s’il
était un messie? Comment osent-ils avoir autant de mépris pour le peuple
? C’est encore cette question de pouvoir qu’ils ne veulent pas céder,
même s’il faut humilier l’Algérie et son peuple.
On comprend dès lors cette grande gêne qu’Ibn khaldoun et ses écrits
ont suscité chez les Arabo-musulmans jusqu’à tenter de déformer ses
écrits. On comprend que même nos contemporains l’ait traité de «
Choughoubi » ( musulman non-arabe qui déteste les Arabes),
d’opportuniste, de menteur, de pervers par les littéraires arabes du
Moyen-Orient y compris Taha Hussein le pourtant grands écrivain
égyptien. Celui-ci avait déclenché une virulente campagne digne d’une
émeute contre les écrits du penseur nord-africain. On comprend qu’il
soit mieux connu et apprécié de l’autre côté de la Méditerranée que chez
lui.
Avant lui déjà Abou Nouwas et Ibn Rochdh avaient subi le même
traitement. Poète, le premier s’amusait à scandaliser la société en
écrivant sur des choses interdites par la religion. Philosophe,
théologien, mathématicien, médecin musulman le second est considéré
comme le père de la pensée laïque. Sa modernité et son ouverture
d’esprit lui valent d’être exilé comme hérétique, et la destruction de
ses livres. C’est que chez Arabes on ne s'accommode pas de la libre
pensée, même si les auteurs sont musulmans convaincus et se référent au
Coran « Une nation s'affaiblit lorsque s'altère et se corrompt le
sentiment religieux » dixit Ibn Khaldoun. C’est que le génie créateur de
ces libres penseurs les entraîne souvent sur des chemins où dogmes et
principes religieux n’ont plus droit de cité.
Ibn khaldoun avait par contre une tout autre idée des Berbères, et il
le montre dans son « Histoire des Berbères ». « On a vu chez les
Berbères des choses tellement hors du commun, des faits tellement
admirables, qu'il est impossible de méconnaître le grand soin que Dieu a
eu de cette race. .." Et il ne tarit pas d’éloges tels que leur
noblesse d’âme, la bravoure, la fidélité aux promesses, leur haine de
l’oppression, leur fermeté dans les grandes afflictions, leur patience
dans l’adversité, leur indulgence…
Quelques citations d’Ibn Khaldoun
- « Tout Arabe veut être le chef »
- « De tous les peuples, les Arabes sont les moins capables de gouverner un empire… »
- « Tout pays conquis par les Arabes est bientôt ruiné »
- « En Ifriquiya et au Maghreb, depuis que les Banou-Hilal et les Banou-Soulaïm y sont passés, au début du Ve siècle, et se sont acharnés sur ces pays pendant 350 ans, toutes les plaines sont ruinées, alors qu'autrefois du Soudan jusqu'à la Méditerranée tout était cultivé, comme l'attestent les vestiges qui s'y trouvent : monuments, constructions, traces de fermes et de villages… »
- «Il peut arriver parfois qu'ils s'assujettissent des États faibles, comme c'est aujourd'hui le cas au Maghreb, mais ils n'aboutissent alors qu'à ruiner la civilisation des pays dont ils se sont emparés… »
- « Dieu retint les Israélites dans le désert pendant quarante ans afin que leurs enfants s’habituassent à l’indépendance et se rendissent capables de conquérir la terre promise… »
- « Les Arabes n’accordent aucun intérêt aux lois »
Par D.S
Source: http://www.la-kabylie.com
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