Les forces navales algériennes seront les premières servies par cette manne budgétaire colossale. Des hélicoptères Mi-28NE et d’autres de transport lourd Mi-26 sont aussi dans le programme des achats militaires.
Dans un article intitulé «Armée algérienne : à quoi va servir la hausse du budget de la défense», le blog «défense» du magazine Jeune Afrique revient sur les 12,45 milliards de dollars de budget alloués au secteur de la défense algérienne par la loi de finances 2014 adoptée, il y a quelques jours, par l’Assemblée populaire nationale. Alors que les députés, qui ont voté la loi de finances, n’ont pas eu accès aux détails de ce budget échappant à tout contrôle, Laurent Touchard, présenté comme spécialiste des questions militaires, étale, avec force détails, nombre de projets et nouveaux équipements militaires dont l’armée algérienne compte se doter. «La litanie des crises ne cesse de s’allonger sur le pourtour méditerranéen et dans de nombreux pays d’Afrique. L’Algérie, qui s’affirme chaque année davantage en puissance régionale, observe attentivement ces événements. Elle jauge les menaces potentielles (ou fantasmées) afin de les anticiper plutôt que de les subir. La mesure la plus emblématique de cette logique porte sur un budget de défense une fois encore en augmentation», note Laurent Touchard, prédisant toutefois un gel des dépenses militaires en 2017.
Les détails affichés par cet article «bien renseigné» indiquent que les forces navales seront les premières servies par cette manne budgétaire colossale. «Le contrat ferme pour deux Kilo 636M (sous-marins) est sur le point d’être signé. Sitôt opérationnels, ces sous-marins s’ajouteront alors aux quatre autres Kilo (dont deux modernisés récemment). Rappelons qu’un autre gros contrat de 2,86 milliards de dollars a été signé en 2012 avec le groupe Thyssen Krupp Marine System pour la construction de quatre frégates Meko A200. Contrat qui inclut également l’assemblage de deux frégates dans un chantier naval national, six hélicoptères Super Lynx et la formation des équipages», note M. Touchard. Ces «emplettes» navales se feront auprès du traditionnel fournisseur russe, indique l’article.
La crainte d’une dérive sécuritaire
Autre fournisseur, la Chine, auprès de laquelle l’Algérie aurait commandé trois corvettes C28A. «Des radars et équipements électroniques de chez Thales seront montés en Algérie. Par ailleurs, en 2015 entrera également en service un bâtiment de projection de type San Giorgio. En cours de construction en Italie, celui-ci pourrait mener des opérations amphibies de soutien logistique, voire servir de plateforme anti-sous-marins avec des hélicoptères dédiés.» L’article, qui parle de projections futures et de projets même au stade de la réflexion, note qu’Alger «réfléchit à l’achat de quatre dragueurs de mines qui sortiraient eux aussi des chantiers italiens». Et de prédire : «A l’horizon 2017, plus que jamais, la flotte algérienne devra être prise au sérieux en Méditerranée», en notant toutefois un déséquilibre entre les navires de combat et ceux de soutien. «Un déséquilibre qui nuira à ses capacités océaniques.» En attendant que la Défense nationale daigne rendre transparente la gestion de son budget, Jeune Afrique nous apprend qu’il y a une montée en puissance régulière des forces aériennes.
Des hélicoptères Mi-28NE et d’autres de transport lourd Mi-26 sont au programme des achats militaires compulsifs. Il est aussi prévu le remplacement des gros porteurs Il-76 par 4 ou 6 appareils de capacité équivalente ou supérieure et l’acquisition d’avitailleurs. Outils nécessaires, note l’article, pour «des déploiements et des interventions en dehors du pays».
Tout en affirmant que l’hypothèse d’une acquisition d’avions Rafale est à exclure, Laurent Touchard indique que l’armée de l’air algérienne renforcera ses capacités par l’achat d’appareils offensifs tels les Su-34 et Su-30SM, très sophistiqués, pour remplacer les vieux Su-24. Ceci et de noter que «l’armée de l’air montera en puissance jusque vers 2017, avec des capacités renouvelées dans le domaine de la guerre conventionnelle, mais aussi face aux menaces hybrides… La défense aérienne sera renforcer avec des lances missiles S400 Triumph», dit l’auteur de l’article, en conditionnant la confirmation de ces informations.
L'armée renforce ses capacités
L’armée de terre, quant à elle, ne sera pas en reste, puisqu’«elle bénéficie déjà de nombreux contrats». L’auteur, se présentant comme chercheur en histoire militaire, conclut son texte en affirmant que les dépenses militaires algériennes renvoient à une crainte, celle «d’une dérive sécuritaire».
Un renforcement des moyens des services de sécurité est envisagé, dit-il, avec l’acquisition de nouveaux hélicoptères pour la gendarmerie et la Protection civile, outre le recrutement de 20 000 à 30 000 douaniers, afin de permettre l’organisation de 80 nouveaux postes de surveillance frontalière. «Il s’agit clairement de combattre le ‘‘terrobanditisme’’. Un autre recrutement, cette fois-ci de 20 000 policiers, est plus ambigu. L’on songe évidemment, en premier lieu, à la lutte contre le terrorisme. Mais comment ne pas, également, penser à une dérive sécuritaire du régime algérien, nourrie par la crainte des contestations sociales tunisiennes, libyennes, égyptiennes et syriennes ?»
Au-delà des chiffres et des contrats cités, cet article parle de choses qu’on tient secrètes aux Algériens tant le budget de défense est entouré de mystère. Fuites organisées ou renseignements précis ? Il est difficile de vérifier les détails de l’article de Laurent Touchard, mais il nous interpelle sur l’urgence d’un débat clair et ouvert concernant ces dépenses importantes et ce qui les justifie. La sécurité du pays est l’affaire de tous les Algériens.
N.B
source: El Watan
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