Saipem corrupteur et ENI propre ? L’argument de défense de Paolo Scaroni, patron d’ENI bat de l’aile avec les nouvelles révélations de l’Espresso qui l’accablent tout autant que l’ancien ministre algérien de l’énergie, Chakib Khelil.


 Le versement de 41 millions d’euros de pots-de-vin par la Saipem à des responsables du secteur hydrocarbures algérien) entrait dans le cadre d’une opération plus large dans laquelle est impliquée ENI. Il s’agit de l’acquisition par le groupe pétrolier ENI des parts du canadien First Calgary Petroleum dans l’exploitation du gisement de gaz humide MLE (Menzel Ledjmet Est) dans le bassin Berkine (bloc 405b) à 220 km au sud-est de Hassi Messaoud (Ouargla).  C’est la nouvelle révélation de l’hebdomadaire italien L'Espresso. Une de plus dans une accumulation des charges et des soupçons contre le patron d’ENI, Paolo Scaroni. L’hebdomadaire qui cite les derniers éléments de l’enquête menée par le parquet de Milan au sujet des 197 millions d’euros de pots-de-vin versés par Saipem à des responsables algériens souligne que les 41 millions d’euros versés «matériellement » par la Saipem étaient liés à la transaction qui a permis à ENI d’acquérir en 2008 les parts de la First Calgary Petroleum (FCP) pour la somme de 609 millions d’euros.  L’affaire parait scabreuse à tous les niveaux. Ainsi, les magistrats italiens ont découvert que 80% de ces 609 millions d’euros ont été versés via une société fiduciaire à de « mystérieux actionnaires ».

 Cinq cent millions d’euros dans la nature
 Ces derniers ont donc empoché la bagatelle d’un demi-milliard d’euros et ont disparu dans la nature. Le recours à une société fiduciaire fait que « ne personne ne sait qui a empoché les 4/5ème du montant de la transaction ». Les juges italiens veulent savoir pourquoi ENI a accepté de mener une telle transaction. Mais ils sont convaincus, ainsi que l’a d’ailleurs déclaré Pietro Varone, ancien directeur de la de la division ingénierie et construction de Saipem, qu’Eni n’ignorait rien des pratiques corruptrices de sa filiale Saipem. Pietro Varone, actuellement en résidence surveillée, a déclaré aux juges que Saipem était formellement indépendante mais qui rien ne se faisait sans l’aval d’ENI. 

C’est la stratégie d’ENI et de son patron depuis 2005, Paolo Scaroni, qui est frontalement attaquée. Selon l’Espresso, les derniers éléments de l’enquête indiquent qu’ENI a soudoyé des responsables algériens, via la Saipem pour pouvoir acquérir les parts de la First Calgary. A l’appui dm2e ces affirmations des messages reçus par Scaroni. L’un de ces mails en date de 2007 provient d’un gestionnaire de Saipem qui transmet un message « du ministre algérien ». Ce dernier se dit prêt à une « rencontre informelle » mais veut au préalable « avoir un signal positif au sujet de la question en suspens bien connue ». Et des rencontres informelles entre Chakib Khelil, Paolo Scaroni et l’inévitable Farid Bedjaoui auraient bien eut lieu à Paris, Milan et Vienne. Selon l’Espresso, les dirigeants d’ENI maintiennent leur ligne de défense. S’agissant de Chakib Khelil, Atoui Mustapha, président de l’Association nationale de lutte contre la corruption (ANLC), a indiqué en citant des ONG américaine qu’un magistrat est en charge d’enquêter sur lui.

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