Le moudjahid et militant estudiantin, Houari Mouffok, n’est plus. Celui qui a été le premier président de l’UNEA est décédé lundi. Modèle de droiture et de fidélité à ses idéaux, il a osé dire «non», en 1965, à ce qu’il considérait comme un acte anticonstitutionnel. Au péril de sa vie.

Le défunt est né dans la Médina Djedida d’Oran. Après des études studieuses, il obtient brillamment son baccalauréat en 1958. Ne pouvant poursuivre des études supérieures, il opte pour l’enseignement non loin de Mostaganem, dans le village de Mesra. Dans la présentation de son livre Parcours d’un étudiant algérien, de l’Ugema à l’UNEA, aux éditions Bouchène, il raconte que son adolescence avait été avant tout «militante», «dans l’Association des étudiants musulmans de Mostaganem (AEMM) dont j’assurais le secrétariat général, sous l’égide de l’Union démocratique du manifeste algérien (UDMA)», énumérait-il.
C’est lorsqu’il est à Mostaganem qu’il entre en contact avec des réseaux de l’ALN. «Il n’avait que 19 ans, et étant donné son bagage intellectuel et son niveau d’instruction, les moudjahidine avaient besoin de lui ailleurs que dans le maquis», précisent ses amis. Un stratagème est trouvé afin qu’il puisse quitter le territoire algérien. Il s’engage en tant que moniteur dans une colonie de vacances en France. «Profitant de cette occasion, il s’éclipse et réussit à rejoindre la Suisse. Un réseau du FLN l’exfiltrera vers la RDA», relatent ses proches. Obtenant une bourse, il étudie les sciences économiques. «En Allemagne, j’ai eu à exercer des responsabilités dans les sections de l’Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema)», se rappelle feu Houari dans la présentation de son livre. Il rentre au pays dès que l’indépendance est proclamée. Il poursuit ses activités au sein du mouvement estudiantin. A l’issue du congrès de la nouvelle Union nationale des étudiants algériens (UNEA), il en est élu premier président.

Les séquelles indélébiles des tortures

Quelques mois plus tard, la cassure : 1965, coup d’Etat contre Ben Bella. Houari Mouffok s’oppose clairement et rend publique une déclaration faite au nom du comité exécutif de l’UNEA et qui dénonçait le coup d’Etat du 19 juin 1965 et exigeait la libération de Ben Bella, président de la République, garant de l’application de la Charte d’Alger. Recherché par la police et les services secrets de Boumediène, il entre dans la clandestinité et finit par se rendre au Maroc. Mais le calvaire ne fait que commencer pour lui. «J’ai été arrêté à Rabat, torturé au commissariat central et séquestré pendant 45 jours au bout desquels j’ai été remis aux services algériens en échange d’exilés marocains de l’opposition qui avaient trouvé refuge à Alger. J’ai fait l’objet de sévices inhumains de la part de la Sécurité militaire, et ce n’est qu’en novembre 1965 que j’ai été transféré à la prison d’El Harrach où j’ai retrouvé les autres détenus politiques», confiait douloureusement, en 2003, le défunt Mouffok dans une interview à El Watan.
Il est libéré, plus affaibli que jamais, au bout de deux années d’un cauchemar, qui n’en est pas à son terme. «Quelques semaines après ma libération, j’ai été agressé à Oran et laissé pour mort dans un couloir d’immeuble», déplorait-il. Ce n’est qu’au bout de longues années que l’homme, marqué au fer rouge des sévices subis en détention, pourra être réintégré et devenir cadre dans une entreprise publique. Ceux qui l’ont connu se rappellent des «séquelles indélébiles, tant physiques que psychologiques, laissées par les tortures et les harcèlements». Ce que les proches du défunt Houari Mouffok n’oublieront jamais, ce sont surtout ses hautes qualités intellectuelles, morales et humaines. «Il était d’une loyauté, d’une fidélité pour les principes de la Révolution hors du commun. Il a agi et vécu toute sa vie avec pour seule préoccupation le bien de l’Algérie et sa construction.»  
 
Ghania Lassal
Source: elwatan.com

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