Dans un contexte de
tensions renouvelées entre l’Algérie et le Maroc, des intellectuels
algériens et marocains lancent une pétition pour appeler les
gouvernements et les élites politiques de leurs pays à la retenue. Ils
rappellent que la construction maghrébine est une question essentielle
qui ne doit pas être conditionnée par le règlement des problèmes en
suspens entre les deux Etats. Ils préconisent, pour surmonter les
blocages politiques algéro-marocains, de laisser le traitement du «
problème du Sahara » aux « institutions onusiennes spécialisées ».
Ci-après le texte de la pétition (traduit de l'arabe par Yassin
Temlali).
« Les relations officielles entre nos deux pays
ne cessent, depuis des décennies, d’aller de mal en pis. Nul doute
qu’il y a des raisons à cette dégradation au nombre desquelles nous
pourrions citer le poids de l’héritage colonial, le caractère
autoritaire des systèmes de gouvernement institués après les
indépendances, ainsi que le déficit d’initiatives indépendantes de la
part des intellectuels et de la société civile en Algérie et au Maroc.
Nous observons qu’au moindre signe de détente entre les deux Etats,
celle-ci est avortée.
Les relations historiques, culturelles et
sociales entre les peuples algérien et marocain sont parmi les plus
fortes qui puissent unir deux peuples. De ce point de vue, la situation
que nous vivons aujourd’hui est absurde. Elle revêt un caractère
temporaire et ne peut obturer les horizons prometteurs ni occulter
l’impérative nécessité d’édifier un espace maghrébin stable, dans lequel
les deux peuples puissent vivre dans la paix et la prospérité.
Nous, signataires de cet appel, nous adressons
aux responsables des deux pays et à leurs élites politiques et
intellectuelles. Nous les appelons à :
- considérer la construction maghrébine comme
une question essentielle et ne pas la conditionner par la résolution des
différends politiques entre les deux Etats ;
- cesser de dresser les deux peuples l’un contre l’autre par la surenchère et l’agitation médiatique ;
- œuvrer à régler les problèmes en suspens entre les deux pays avec sagesse, dans le respect des intérêts communs ;
- laisser le traitement de la question régionale du Sahara aux institutions onusiennes spécialisées ;
- permettre aux instances concertation et de coopération maghrébines d’accomplir leurs missions.
Les signataires de cet appel sont mus par la
conviction que les citoyens des deux pays méritent de vivre sous un
régime démocratique, dans un espace économique maghrébin intégré pour
ainsi occuper une place honorable dans le concert des nations. »
Source: http://www.maghrebemergent.com
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