Pékin a décidé d'autoriser les constructeurs de consoles de jeux vidéo à vendre leurs machines à jouer en Chine. Une révolution de façade qui met fin à une interdiction vieille de 14 ans.

L'action de l'éditeur français de jeux vidéo Ubisoft a fait un bond, mercredi 8 janvier, de 7% en Bourse. Idem pour Nintendo dont l'action a progressé de 11%. Mais quel est donc le tremblement de terre vidéoludique qui justifie ces impressionnantes hausses ? La secousse est à chercher du côté de la Chine, Pékin ayant décidé de mettre fin à l'interdiction des ventes de consoles de jeux vidéo qui avait été établie il y a 14 ans.


En 2000, la Chine avait en effet jugé que les consoles représentaient un "problème pour l'équilibre mental" des jeunes. Une ligne dure qui a commencé à être remise en cause l'année dernière quand le ministère de la Culture a promis de réévaluer si cette interdiction était toujours pertinente à une époque où le jeu vidéo est déjà largement présent dans la vie des Chinois par l'intermédiaire du PC et des smartphones.
Passage obligé par Shanghaï
Certes, cette décision est un beau cadeau de Noël pour les constructeurs de consoles et éditeurs de jeux vidéo. Mais, pour Pékin, c'est avant tout une manière de tenter de renforcer l'attractivité de Shanghaï. Pour pouvoir vendre leur Xbox One, PS4 et Wii U, les constructeurs seront obligés de construire dans la nouvelle zone franche économique établie fin 2013 dans la ville côtière chinoise.
Une nuance qui a son importance. Les trois constructeurs produisent déjà leurs machines à jouer en Chine... mais pas à Shanghaï. Pour se conformer à la nouvelle réglementation, Microsoft, Sony ou encore Nintendo vont devoir y trouver de nouveaux partenaires.
Une démarche qui a un coût. Le marché chinois en vaut-il la chandelle ? À priori oui. Avec une population de plus d'un milliard de personnes, les perspectives peuvent sembler alléchantes. À l'heure actuelle, 10 milliards de dollars (7,3 milliards d'euros) sont dépensés chaque année par les Chinois en jeux sur PC et smartphones, d'après le cabinet d'études chinois Niko Partners. Les trois constructeurs peuvent espérer capter une partie de ce gâteau.
Concurrence du PC et du marché noir
Mais les choses ne sont pas aussi simples. D'abord, rien ne dit que les aficionados du PC vont faire le saut vers une PS4 ou une Xbox One. Sans même compter le prix d'une nouvelle console, les jeux sont bien plus chers que sur un ordinateur. "Seule une petite partie de la population a les moyens de passer aux consoles", juge Piers Harding-Rolls, responsable du marché des jeux vidéo pour le cabinet américain d'études IHS.
Et puis, il y a aussi le marché noir. Les machines à jouer de Microsoft ou Nintendo se vendent déjà sous le manteau en Chine. Près d'un million d'entre elles trouvent preneurs chaque année. Là encore, rien ne dit que les Chinois vont accepter de payer le prix fort et officiel, s'ils peuvent aisément se procurer la même console à moins cher et qui serait "tombée du camion".
Autant d'obstacles qui explique pourquoi les constructeurs n'ont pas réagi avec plus d'enthousiasme à l'annonce chinoise. Sony a affirmé au quotidien britannique "Daily Telegraph" ne pas avoir de plan pour lancer la PS4 en Chine. Nintendo qualifie l'annonce de Pékin de "premier pas", suggérant que les autorités doivent encore lever les autres obstacles pour rendre une entrée sur le marché chinois vraiment intéressante. Seul Microsoft envisagerait d'y lancer sa Xbox One avant la fin de l'année, d'après Reuters.

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