L’écrivain Rachid Boudjedra était l’invité,
samedi dernier, du café littéraire qu’a abrité la librairie ‘’KLMI’’,
sise au lotissement Sud.
Pour
cette première rencontre littéraire de la saison 2013/2014, et outre
les habitués, un public nombreux est venu se faire dédicacer un livre et
voir de près cet auteur prolixe de la littérature algérienne,
d’expression arabe et française.
Après la séance dédicaces, l’invité
du jour prit la parole : « A chacune de mes visites dans les villages
kabyles, je me réjouis de voir que le public est encore plus important
qu’à Alger ». A une question qui lui demandait ce qu’était l’écriture
pour lui, Rachid Boudjedra dira : « Comme tous les écrivains, j’ai des
blessures. L’écriture est pour nous une manière de nous exprimer pour ne
pas mourir. Quant à mes romans, ils reflètent la société algérienne,
avec ses conflits, ses amours et ses haines. J’écris aussi sur
l’histoire de notre pays, car j’ai grandi dans une famille de
nationalistes avant de le devenir moi-même. J’écris également pour
bousculer cette société qui dort, une certaine société réactionnaire,
raciste et misogyne ». Avant de continuer à répondre aux questions du
public, l’écrivain tiendra à dire sa satisfaction et son bonheur de
remarquer une présence féminine, même réduite, dans l’assistance.
Il
dira apprécier cette note un changement positif dans la société. M.
Rachid Boudjedra a écrit un grand nombre de romans, entre autres, ‘’Le
démantèlement’’, ‘’L’Escargot entêté’’ et ‘’Les Figuiers de Barbarie’’…
Il a également beaucoup écrit sur la période sanglante du terrorisme qui
ne l’a pas épargné et qu’il vivra au plus profond de sa chair. Il y
consacrera pas moins de huit titres : ‘’Désordre des choses’’ (1991),
‘’FIS de haine’’ (1992) qui lui vaudra une condamnation à mort par une
fetwa, ‘’Timimoun’’ (1994), ‘’Mines de rien’’ (1995), ‘’Lettres
algériennes’’ (1995), ‘’La Vie à L’Endroit’’ (1997), ‘’Fascination’’
(2000) et ‘’Les funérailles’’ 2010. Prié de parler de son nouveau roman
annoncé, qui portera le titre évocateur ‘’Printemps’’, M. Rachid
Boudjedra n’hésitera pas à en faire un large résumé. Il précisera que
les faits et les personnages de ce roman sont bien réels et qu’il ne
s’agit nullement d’une fiction. « Printemps est l’histoire d’une femme
d’une trentaine d’années homosexuelle, championne olympique, qui
enseigne à l’université la littérature érotique. Sa mère est égorgée par
les islamistes et l’un des bourreaux n’est autre qu’un étudiant en
médecine qui deviendra plus tard doyen d’une faculté », dira Rachid
Boudjedra. Il poursuivra : « Printemps c’est d’abord une histoire de
révoltes, à commencer par celle de 1988 qui fut vite récupérée par les
islamistes. Un fait qui est malheureusement en train de se répéter dans
plusieurs pays arabes ».
Avant la fin de la rencontre, Plusieurs
personnes de l’assistance ont demandé au grand écrivain son opinion
quant à la question de l’enseignement et de la reconnaissance de
Tamazight. M.Rachid Boudjedra déclarera sans hésitation aucune qu’il
était pour Tamazight comme langue officielle. “ je suis pour
l’officialisation de Tamazight” a t-il déclaré. Il ajoutera qu’il espère
voir son enseignement mieux pris en charge notamment dans le primaire, à
côté de la langue arabe.
Essaid Mouas
Source: La Dépêche de Kabylie
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